Bolivie : les électeurs choisissent leur prochain président entre deux candidatures de droite

Monde

Contexte et enjeux économiques

Les Boliviens votent ce dimanche pour désigner leur prochain président, face à deux candidatures de droite dans un contexte marqué par une crise économique qui a conduit à rompre avec vingt années de gouvernements socialistes.

Modalités de vote et premiers résultats attendus

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h, heure locale (14h en Suisse). Le Tribunal électoral suprême indique que les premiers résultats pourraient être connus dans la nuit.

Les candidats et leur parcours

Jorge « Tuto » Quiroga, 65 ans, ancien chef d’État par intérim (2001-2002) et figure de la droite bolivienne, affronte Rodrigo Paz, 58 ans, sénateur de centre-droit issu d’une dynastie politique influente.

Un pays au bord de la faillite et des défis économiques

Le vainqueur prendra la relève le 8 novembre de Luis Arce, impopulaire et qui a renoncé à se représenter. Son mandat de cinq ans a été marqué par la pire crise économique que le pays ait connue en quarante ans. L’inflation annuelle dépasse 23 %. Les files d’attente devant les stations-service sont devenues fréquentes dans un pays deux fois plus grand que la France et peuplé de 11,3 millions d’habitants. La baisse des exportations de gaz, faute d’investissements, a tari les réserves en devises et rendu insoutenable le financement des subventions à l’énergie. Faute de devises suffisantes pour importer, les pénuries de carburant et les prix s’envolent.

« Je veux que les choses changent, nous sommes tous ruinés, tout a augmenté », a déclaré Paulina Quispe, 57 ans, une femme aymara, après avoir voté à La Paz.

« La patience des Boliviens s’épuise », observe Daniela Osorio du German Institute of Global and Area Studies (GIGA). « Si le vainqueur ne prend pas de mesures en faveur des plus vulnérables, cela pourrait déboucher sur un soulèvement social ».

Ouverture au secteur privé et positions des candidats

Les deux candidats préconisent des politiques axées sur une réduction des dépenses publiques, notamment des subventions liées aux carburants, et une plus grande ouverture au secteur privé. Quiroga plaide en faveur d’une ouverture totale des marchés internationaux et du recours à de nouveaux crédits, tandis que Paz défend un « capitalisme pour tous » fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement.

Influence d’Evo Morales et contexte politique

Aucun des deux candidats ne disposera d’une majorité au Parlement, ce qui obligera à former des alliances après l’élection. La campagne a également été marquée par la chute du Mouvement vers le Socialisme (MAS) de l’ancien président Evo Morales (2006-2019); son candidat n’a obtenu que 3,1 % au premier tour. Morales, visé par un mandat d’arrêt dans une affaire de traite et ne pouvant se représenter en raison de la limite des mandats, a encouragé le vote nul au premier tour. Les bulletins invalides ont atteint 19,8 %, un record depuis 2002. Après avoir voté dans son fief du Chapare (centre), l’ancien chef d’État a dénoncé un « manque de respect » envers le peuple bolivien et a critiqué les conditions liées aux prêts du FMI et de la Banque mondiale, perçues comme conditionnées à la privatisation des ressources naturelles. Daniela Osorio rappelle que Morales demeure, même affaibli, « un facteur de déstabilisation potentielle ».

Sondages et perspectives

D’après le dernier sondage Ipsos-Ciesmori diffusé ce dimanche, Jorge Quiroga recueille 44,9 % des intentions de vote contre 36,5 % pour Rodrigo Paz.