Contexte économique et social
Les Boliviens participent dimanche à l’élection présidentielle dans un contexte marqué par une crise économique majeure, qui a suivi deux décennies de gouvernance socialiste. L’inflation annuelle dépasse désormais 23 %, et les réserves de devises se sont raréfiées en raison de la chute des exportations de gaz, rendant difficile le maintien des subventions publiques et alimentant les tensions liées au coût de la vie. Le pays, qui compte environ 11,3 millions d’habitants et dont le territoire est presque deux fois plus grand que celui de la France, est confronté à des pénuries et à des hausses de prix liées à ces dynamiques économiques, notamment des files d’attente devant les stations-service.
Ouverture du scrutin et premiers indicateurs
Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00, heure locale (14h en Suisse), et les premiers résultats sont attendus dans la nuit, selon le Tribunal électoral suprême (TSE).
Les candidats et leurs programmes
Jorge Tuto Quiroga, 65 ans, figure de la droite bolivienne et ancien chef d’État par intérim (2001-2002), affronte Rodrigo Paz, 58 ans, sénateur de centre-droit issu d’une famille politique influente. Les deux candidats préconisent une réduction des dépenses publiques et une diminution des subventions liées aux carburants, tout en appelant à une plus grande ouverture du secteur privé. Toutefois, leurs approches diffèrent sur le rythme et les instruments d’ouverture et sur le financement nécessaire pour accompagner le développement.
Profil et dynamique des candidats
Quiroga milite pour une ouverture complète des marchés et le recours à de nouveaux crédits, tandis que Paz défend un modèle de capitalisme pour tous, fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement.
Le regard sur le parlement et les enjeux politiques
Aucun des deux candidats ne dispose d’une majorité au Parlement, ce qui les obligera à former des alliances afin de gouverner et de faire avancer leur programme.
Influence d’Evo Morales et le MAS
La campagne est marquée par le recul du Mouvement vers le Socialisme (MAS), autrefois au pouvoir sous Evo Morales (2006-2019). Son candidat n’a obtenu que 3,1% des voix au premier tour. Morales, visé par un mandat d’arrêt dans une affaire de traite d’une mineure, n’a pas pu se présenter en raison de la limite des mandats et a encouragé le vote nul au premier tour. Il a dénoncé que les propositions des deux candidats témoignent d’un manque de respect envers le peuple bolivien et a souligné l’influence potentielle des conditions liées aux prêts du FMI et de la Banque mondiale. Des analystes estiment que Morales demeure un facteur de déstabilisation potentiel, même affaibli. Les bulletins invalides ont atteint 19,8% des suffrages, un record depuis 2002.
Selon un sondage Ipsos-Ciesmori diffusé ce dimanche, Jorge Quiroga recueille 44,9% des intentions de vote contre 36,5% pour Rodrigo Paz.
Répercussions économiques et sociales et perspectives
Les observateurs suivent de près l’évolution de la situation : si les mesures annoncées ne protègent pas les plus vulnérables ou si le programme économique ne parvient pas à répondre rapidement à la réalité du terrain, les risques de tensions sociales pourraient se multiplier.