Le Conseil fédéral suisse envisagerait-il d’autoriser l’importation de poulet au chlore malgré l’opposition locale ?

Suisse

Conflit sur la importation de poulet au chlore : une question sensible pour la Suisse

En Suisse, la question de l’importation de volaille traitée au chlore demeure un sujet épineux, symbolisant une ligne rouge en matière de sécurité alimentaire. La pratique, courante aux États-Unis, consiste à immerger les poulets dans des bains chlorés après l’abattage afin d’éliminer les risques bactériologiques tels que Salmonella et Campylobacter. À l’inverse, la réglementation en vigueur en Suisse interdit cette désinfection chimique, empêchant l’importation de produits traités de cette manière.

Une concession potentielle dans le cadre d’un accord avec Washington

D’après la NZZ am Sonntag, le Conseil fédéral pourrait proposer une position plus souple en ce qui concerne cette norme lors de négociations commerciales avec les États-Unis. Selon certaines sources, une concession pourrait apparaître dans le cadre d’un projet d’accord, où la Suisse envisagerait de travailler avec Washington pour définir des mesures spécifiques restreignant l’accès au marché de la viande de volaille américaine alternative à la règle suisse.

Réactions contrastées au sein du secteur agricole et des distributeurs

Les éleveurs de volailles suisses ont rapidement exprimé leur opposition, estimant cette approche inacceptable. Adrian Waldvogel, président de l’Association suisse des producteurs de volailles, a déclaré qu’il trouvait « absolument inacceptable que le Conseil fédéral ouvre la porte à l’importation de poulets traités au chlore », un procédé qu’ils considèrent comme incompatible avec leurs standards. De son côté, Markus Ritter, président de l’Association des agriculteurs, adopte une position plus prudente, soulignant que la question pourrait dépendre de l’accueil que réserverait le marché à ces produits.

Les grands distributeurs suisses privilégient les produits locaux et responsables

Selon une enquête menée par notre rédaction, les principaux acteurs de la distribution en Suisse restent fermes sur le prioritarisme de l’offre nationale. Migros insiste sur sa préférence pour des produits suisses ou issus de pays appliquant des normes strictes en matière de qualité et de bien-être animal, sans pour autant envisager actuellement d’intégrer de la volaille américaine à leur gamme. Coop partage cette ligne, mettant en avant la priorité donnée aux produits locaux ou répondant aux mêmes standards suisses.

Les importations de volaille et le positionnement des autres distributeurs

Lorsque la Suisse importe de la volaille, le principal fournisseur reste le Brésil, qui propose des prix compétitifs et une grande quantité. Quant à Denner, la majorité de sa viande provient déjà d’Allemagne, et aucun projet d’importation de poulet américain n’a été évoqué. Chez Aldi, la venue de volaille américaine n’est pas non plus prévue à l’heure actuelle, tandis que Lidl indique qu’il privilégie la production locale ou des importations conformes aux normes suisses, en particulier en cas de pénurie locale.

Perspectives et enjeux du marché suisse de la volaille

Le sujet de l’éventuelle ouverture du marché américain à la volaille traitée au chlore soulève donc des questions de sécurité alimentaire, de normes éthiques et de compétitivité économique. La place accordée aux produits importés reste fragile face à la concurrence internationale, notamment celle du Brésil, qui fournit près de 57 000 tonnes de volaille par an à la Suisse. La question de savoir si la volaille américaine pourrait y trouver sa place dans un contexte réglementaire strict et concurrentiel demeure ouverte.

Que pensez-vous de la possible approbation des produits de volaille américains en Suisse ?

  • Je pense que c’est une bonne chose, j’aimerais avoir le choix.
  • Je suis opposé au traitement au chlore.
  • Je ne consomme pas de poulet, peu importe d’où il vient.
  • Je préfère favoriser les produits suisses, quoi qu’il en soit.