Un vote clair en faveur du logement coopératif
À Genève, les Genevois se prononcent en faveur du développement des coopératives d’habitation. Ce dimanche, 60,42 % des votants ont soutenu l’initiative qui appelle l’État à soutenir activement ce type d’habitat à but non lucratif.
Le texte, porté par le Groupement des coopératives d’habitation genevois (GCHG) et soutenu par la gauche, Le Centre et le MCG, fixe un objectif ambitieux: d’ici 2030, 10 % du parc immobilier cantonal serait constitué de logements coopératifs, contre environ 5 % aujourd’hui, ce qui nécessiterait la construction d’environ 10 000 logements supplémentaires. Le cap est posé, même si son atteinte est jugée très difficile par la plupart des acteurs.
Où densifier et comment partager le territoire
Le débat porte désormais sur le lieu des constructions et sur la manière de partager l’espace disponible. Le député Vert Julien Nicolet-dit-Félix souligne qu’il faut densifier sans accroître l’étalement urbain, et rappelle que la zone agricole est verrouillée. Selon lui, les options se referment presque mécaniquement sur des zones villas proches du centre, autour des communes de Conches et de Vésenaz, sur la rive gauche.
La présidente du groupement, Maryam Yunus Ebener, rappelle que dans le canton, la moitié de la zone habitable est occupée par les villas, alors que 11 % seulement de la population y vit. L’objectif serait donc de rééquilibrer l’effort entre une rive droite sous pression et une rive gauche plus aisée, afin de mieux répartir les logements.
Le rôle de l’État et le coût du logement coopératif
Selon Thomas Wenger, président du Parti socialiste, la politique du logement doit être une véritable politique publique et non un marché dominé par le privé. Les chiffres officiels de l’Office cantonal de la statistique indiquent que les loyers des coopératives restent environ 40 % plus bas que ceux du marché libre, en raison du caractère non lucratif et de rendements non spéculatifs.
Le GCHG évoque une « victoire historique » et rappelle que, ces dix dernières années, seules trois initiatives ont dépassé les 60 % de soutien, signe d’un désir fort des Genevois de tourner la page des blocages et d’avancer vers des logements plus accessibles, plus durables et plus solidaires.
Réactions et perspectives de construction
Les opposants à l’initiative — la Chambre genevoise immobilière (CGI), le PLR et l’UDC — avaient anticipé ce résultat. Pour Christophe Aumeunier, secrétaire général de la CGI, la production de logements est en chute libre et la relance de la planification est indispensable pour éviter que le vote ne reste sans effet concret. Le PLR appelle à des mesures d’allègement des règles et à une densification accrue, avant d’envisager les quartiers villa.
L’approche des questions foncières est en outre marquée par le point de vue du conseiller d’État Vert Antonio Hodgers, qui estime qu’un potentiel est disponible dans la zone villas et sa première couronne. Il privilégie l’éviter de l’expropriation, considérant cet outil comme l’ultime recours. Pour lui, le seuil de 10 % est « globalement raisonnable », mais l’échéance 2030 paraît irréaliste à certains.
Arguments et positions des principaux partis
Le débat porte aussi sur la manière de partager le gâteau foncier: si l’espace venait à manquer pour les privés, les coopératives pourraient occuper une part plus importante. Cette discussion n’implique pas forcément l’emploi d’expropriations, mais la question demeure centrale pour les partisans et les opposants.
Autres résultats du scrutin et enseignements
Par ailleurs, les Genevois ont rejeté l’initiative verte « Pour un canton qui marche » à 56,81 %, qui préconisait des aménagements piétonniers continus et 40 millions de francs par an pour la marche. Le contre-projet du Conseil d’État a été accepté (56,95 % de oui) et prévoit notamment le renforcement des accès pour les personnes handicapées et une meilleure signalétique piétonne.
En matière de sécurité, l’initiative de l’UDC visant à accorder une immunité de fonction à la police a été largement rejetée (67,90 % de non). Les deux lois dites corsets, adoptées par la droite et combattues par la gauche, ont été rejetées par le Grand Conseil (54,81 % et 53,71 % respectivement).
Conclusion
Cette élection reflète un soutien croissant à une politique du logement plus active et structurée, tout en posant les questions pratiques qui influenceront sa mise en œuvre et les capacités de construction dans les années à venir.