Contexte et répercussions de la suspension de l’aide alimentaire
La paralysie budgétaire qui sévit aux États‑Unis se traduit par la suspension du financement des aides alimentaires destinées notamment au programme SNAP, affectant des millions de personnes. On estime que près de 42 millions d’Américains dépendent du système public d’aide à l’alimentation.
Eric Dunham, père de famille et personne en situation de handicap, est l’un des bénéficiaires. Il rappelle que «Si je ne reçois pas mes bons alimentaires, je ne peux pas manger» et précise qu’après la prise en compte de la pension alimentaire mensuelle destinée à ses deux enfants, il lui reste seulement 24 dollars pour subvenir à ses besoins.
Ce midi, il a pu déjeuner grâce à des dons émanant d’un restaurant de Houston, au Texas.
La paralysie budgétaire, débutée il y a plus d’un mois, s’est étendue samedi aux bénéficiaires du programme SNAP, dont le financement fédéral a été interrompu malgré une décision judiciaire ordonnant son maintien.
Donald Trump a affirmé son intention de poursuivre le financement de l’aide alimentaire, mais l’administration s’adapte et des millions d’Américains se retrouvent privés de ce dispositif essentiel.
Par ailleurs, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été placés en chômage technique, provoquant des perturbations dans le trafic aérien et la fermeture de certains parcs nationaux.
Récits et solidarités en région
«Il y a beaucoup de licenciements et, en plus, les gens n’ont plus droit aux bons alimentaires. Personne ne sait ce qu’il va se passer, alors j’ai préparé des sandwichs pour les bénéficiaires du programme SNAP, afin qu’ils aient au moins un repas garanti», témoigne Nhan Ngo, propriétaire du restaurant où Eric Dunham a pu déjeuner.
Dans le sud de cette ville de plus de 2 millions d’habitants, des milliers d’automobilistes qui n’ont pas reçu leurs bons alimentaires — ou craignent de ne pas les recevoir cette semaine — font la file devant un stade, pendant que la banque alimentaire de Houston remplit les coffres de voitures de fruits et de denrées non périssables.
«Aujourd’hui, le programme SNAP est suspendu, ce qui est sans précédent dans l’histoire. Cela concerne environ 425 000 foyers rien que dans la région de Houston. Tout le monde fait son possible pour aider ces familles en attendant un retour à la normale», souligne Brian Greene, président de la banque alimentaire de Houston. Bien qu’un juge fédéral ait ordonné vendredi le maintien du programme, «il faudra plusieurs jours pour que cela redémarre», précise-t-il.
Sandra Guzmán, 36 ans, mère de deux enfants, a vu sa demande de bons alimentaires déposée la semaine passée sans obtenir de réponse. Elle déclare : «J’ai appelé il y a deux jours pour demander mes bons et on m’a dit qu’on ne savait pas ce qui allait se passer… Ce n’est pas du luxe, mais de la nourriture pour mes enfants. Les bons représentent environ 40% de mes dépenses, ce qui impacte fortement ma famille.»
May Willoughby, 72 ans, est venue au stade avec sa petite‑fille pour récupérer des vivres. Elle craint que l’absence de SNAP ne provoque des troubles à l’échelle nationale. «Nous avons besoin de nos bons alimentaires, de notre sécurité sociale et de notre assurance maladie, et cela tout de suite. Leur suppression pourrait mener à des tensions et à des vols pour répondre à nos besoins», affirme-t-elle.
Plus loin, Carolyn Guy, 51 ans, mère de quatre enfants et actuellement sans emploi, juge incongru que l’administration privilégie des projets coûteux, comme une salle de bal à 300 millions de dollars envisagée par Donald Trump à la Maison‑Blanche, plutôt que de financer l’aide alimentaire.