Contexte et démolition partielle
Au cœur de Saint-Denis, l’ancien immeuble de trois étages, composé de cinq bâtiments vétustes, fait l’objet d’une démolition partielle et d’un réaménagement du quartier. Cet ensemble, qui accueillait autrefois des logements précaires, était régulièrement soumis à des arrêtés de péril depuis longtemps, certains dès 1999.
Le 18 novembre 2015, les forces du Raid ont pris d’assaut l’angle de la principale rue commerciale, près de la basilique des rois de France, afin d’interpeller Abdelhamid Abaoud, considéré comme le chef du groupe impliqué dans les attentats du 13 novembre, survenus trois jours plus tôt et ayant fait 130 morts autour du Stade de France et sur les terrasses des Xe et XIe arrondissements de Paris, ainsi qu’au Bataclan. À 04h20, l’assaut s’est concentré sur l’immeuble où Abaoud et son complice Chakib Akrouh se cachaient; Abaoud, Akrouh et la cousine d’Abaoud ont péri au cours d’échanges violents qui ont duré plusieurs heures et ont laissé le quartier sous le choc. Jawad Bendaoud, surnommé le logeur de Daesh, avait mis à disposition l’un des appartements occupés par les jihadistes.
Le maire de Saint-Denis–Pierrefitte, Mathieu Hanotin, rappelle que l’ensemble immobilier était composé de cinq bâtiments vétustes et faisait l’objet d’arrêts de péril depuis des décennies, certains dès 1999. Il déplore une inaction prolongée qui a conduit à l’occupation de logements par des personnes impliquées dans les faits.
À l’approche des commémorations des dix ans des attentats, la municipalité se dit néanmoins satisfaite d’avoir enclenché ce chantier, présenté comme une étape vers une rupture avec le passé.
Perspectives et calendrier
Un concours d’architecture est prévu pour le premier trimestre 2026, avec une mise en œuvre des travaux envisagée jusqu’en 2029. Le projet prévoit deux commerces et 17 appartements, à la place des 38 logements et des cinq boutiques qui existaient en 2015 et qui hébergeaient alors 45 familles dans des conditions précaires.
Témoignage de Maissa Atek
Maissa Atek, qui a passé les huit premières années de sa vie dans cet immeuble, évoque à l’AFP l’insalubrité des lieux et le souvenir des tirs qui les avaient réveillés en novembre 2015. « On avait des poteaux qui maintenaient le plafond », se rappelle-t-elle. « C’était vraiment chaotique, mais on faisait avec », confie-t-elle, avec les regards encore embués de larmes. Elle se souvient aussi des cris des policiers et de la scène de l’assaut : « à terre, à terre ! ». « On a été déboussolés, juste tétanisés », ajoute-t-elle, évoquant le choc subi par sa mère. En contemplant aujourd’hui les ruines, elle affirme ressentir « qu’une partie de moi a été détruite, une partie de mon enfance ». Elle prévoit néanmoins que reconstruire quelque chose de nouveau serait positif pour surmonter le passé.